La belle et la Bête

Lémuria - Palais ducal

Dans le palais multi-séculaire de Lémuria, un foule d'invités se pressait pour la grande occasion. Les murs d'opaline refletaient tels des miroirs la multitude des convives. Tous bavardaient, riaient, philosophaient. En ce jour de noces, tout Lémuria avait tenu à se réunir autour du Duc Johannes von Therio et de sa nouvelle épouse, Veira.

Soudain, les trompettes sonnèrent et tous se turent. Les portes d'or s'ouvrirent alors lentement pour laisser voir le jeune couple. Le Duc, pour l'occasion, avait revêtu son costume d'apparat par dessus lequl flottait son éternelle cape pourpre et or. A son doigt brillait de mille feux une alliance d'or rouge - ce métal si précieux originaire des mines de Halouqa.

la jeune mariée portait quant à elle une somptueuse robe d'apparat noire, sur laquelle on pouvait voir des éclats de diamant. A son cou, une rivière de rubis et à son doigt, une alliance semblable à celle du Duc. Posée sur sa chevlure noire, ule diadème lémurian, symbole de sonrang et de sa domination sur l'empire ducal.

Main dans la main, ils descendirent l'escalier qui menait jusqu'au parterre d'invités. Sur la dernière marche, la Grande Duchesse Mère Karine s'inclina devant son fils et souverain.

Tous applaudirent tandis que les membres du gouvernement vinrent présenter leurs hommages à la nouvelle duchesse.

La comtesse Ingrid Boertman, président des Industries Minières Associées, fut la première à s'incliner respectueusementdevant la jeune mariée. Puis vint le tour du chambellan Otto von Bismark, du Commandant Adam von Hadenbourg, du marquis Baudoin von Einsenstein - Directeur de la Grande Banque Ducal...

Le cortège fut long ainsi que la soirée. Une nuit d'insouciance et de joie tomba sur Lémuria.

Planète de Belenos - résidence du vieux druide Hemeneter

La nuit était déjà avancée sur le monde de Bélénos. A l'intérieur de sa hutte, le vieux druide Hemeneter dormait du sommeil du juste.

Voilà déjà plusieurs mois que l'ancien Sage des gaulois avait établi domicile sur ce monde, profitant des derniers instants qui lui restait pour méditer sur la vie, sur la mort, sur le pourquoi de l'existence.

Mais cette nuit là était plus sombre que les autres. Et l'ancien s'agitait dans ses rêves.

Un faucon... Il voyait un faucon majestueux, dressé de toute sa hauteur, les ailes déployées comme un symbole de domination et de protection. Autour de sa tête flamboyaient huit planètes d'or et sur le front de l'animal, on pouvait voir une neuvième planète, de jade celle-ci.

L'oiseau brillait de mille feux, auréolait de gloire et de splendeur. Puis peu à peu, les rayons qui le nimbaient se transformèrent en des flammes rugissantes. Le faucon devint tel un phenix.

Un sourire se fit sur le visage de l'endormi. Ce bon présage lui échauffait l coeur.

Mais la vision ne s'arrêtait pas là. les flammes de gloire devinent de plus en plus fortes, de plus en plus ardentes, et l'oiseau glorieux se transforma ien vite en une torche vivante. Le feu dévorait son plumage et ses chairs... Les belles couleurs du faucon se perdirent dans la noirceur de la fumée. Puis, la nuit de la fumée laissa place au jour, et sous les rayons d'un pâle soleil matinal, Hemeneter vit alors une couronne de neuf planètes d'opaline noire tournoyant au dessus de la tête d'un...

"Non !" s'écria le druide en se réveillant.

Iorix, le jeune serviteu de l'ancêtre entra dans la pièce.

"Que se passe-t-il, Maître ?"

"Iorix ! Cours au bastion le plus proche et demande qu'on me prépare un vaisseau. Il n'est plus temps de se reposer ! je ois me rendre sur lémuria de suite !"

Altair - Palais du baron Heru Ur

Dans la chapelle du palais, agenouillé devant la statue de la Sainte Poutre, le chavalier et baron Heru Ur priait. Les mains jointes, la tête inclinée devant la lumineuse divinté, il n vit pas entrer derrière lui le Commandant Behemot.

"Sire ! Pardonnez mon intrusion !"

Le baron leva la tête et se tourna vers son interlocuteur.

"Commandant ? Ne voyez-vous pas que je prie ?"

"Je le vois bien, sire. Mais je dois vous voir de suite."

Heru Ur se releva, s'inclina devant la divinité et dit :

"Que se passe-t-il, Behemot ?"

"Cela, Majesté !"

Et le commandant tendit une affiche à heru Ur sur laquelle on pouvait lire : "Depuis trop longtemps, le baron sert le duc ! Depuis trop longtemps, le duc ignore le baron ! Le temps du servage est révolu ! Peuple d'Altair, jusqu'à quand continueras-tu ?"

"Et bien, Commandant ! ce n'est pas la première fois que l'opposition s'amuse à essayer de soulever la population ! Je ne vois rien d'alarmant à cela !"

"Le problème, Majesté, est que cette fois-ci il ont réussi ! Les ouvriers se sont mis en grève ! Plus aucune de nos mines ne produit de ressources."

"Ah... Réunissez au plus vite le Gouvernement. je veux tous mes ministres dans mon bureau d'ici une heure !"

Le Commandant s'inclina et partit executer les ordres. Heru Ur se tourna alors vers la Sainte Poutre.

"Ô toi, la Lumineuse ! L'heure est donc venu pour moi d'affronter les ténèbres qui nous menacent ! Que ton bras vengeur me guide !"

Lémuria - Palais Ducal

Le matin se levait sur Lémuria. Tous étaient encore assourdis par la fête de la veille. Dans la grande salle de réception, les équipes de service s'activaient pour rendre à la pièce son lustre habituel.

Dans le lit conjugal du Duc, la jeune épouse vint se recoucher auprès de son époux. Celui-ci, s'éveillant, s'étira et lui sourit.

"Tiens ? Tu t'es déjà levée, mon amour ?"

"Oui... Je ne t'es pas réveillé au moins ?"

"Oh... Ce n'est pas grave ! Je préfère que ce soit par toi plutôt que par de mauvaises nouvelles".

L'envoutante jeune femme se passa la main dans sa chevelure noire et s'allongea aux côtés de Johannes. La fougue reprit ce dernier et c'est dans une étreinte passionnée que commença la journée.

Lémuria - Spatioport principal

Le vaisseau en provenance de la planète Bélénos se posa sur le sol. Immédiatement, la porte du navire spatial s'ouvrit pour laisser descendre le vieux druide Hemeneter accompagné de son fidèle Iorix.

"Que l'on me conduise de suite au palais !"

L'un des gardes demanda alors qu'on avance le véhicule privé de sa majesté afin d'amener sans tarder l'ancien auprès du Duc.

A l'intérieur, alors que le paysage filait à toute allure, Iorix entreprit de questionner son maître :

"Maître, que se passe-t-il de si grave pour que nous devions aller voir le Duc aussi vite ?"

"L'Ombre est là, mon fils. Elle a déjà amorcé son travail néfaste et je crains qu'elle ne fonde rapidement sur notre jeune protégé."

"Mais quelle Ombre ? Est-ce une personne ?"

"Je l'ignore... Une force invisible. Une chose inhumaine venue dans le seul but de détruire l'oeuvre de tant de siècles. Si elle parvient à corrompre Johannes, tout est fini ! Et cet empire basculera à jamais dans le chaos."

Un silence se fit.

"Mais, maître, pourquoi ne l'avez-vous pas prévu ? Vous êtes devin, pourtant !"

"Je savais bien qu'un jour où l'autre elle viendrait frapper la maison von Therio. Mais jamais je n'aurais pensé que ce soit aussi tôt et aussi vite. La fourbe, elle avait bien manigancé son coup !"

Le reste du voyage se fit sans un mot. Bientôt, le véhicule vint se stationner devant la majestueuse entrée du palais.

"Ô Johannes, pourvu qu'il ne soit pas trop tard !" murmura le druide.

Altaïr - Siège du Gouvernement

Dans la grande Salle du Gouvernement, le baron Heru ur siégeait avec ses ministres. A l'extérieur, on pouvait entendre les cris et vociférations de la foule, amassée devant le palais.

"Monseigneur, je ne comprends pas ! Cette révolte est arrivée de manière foudroyante. Comme si la populmation entière était envoûtée."

"Elle l'est ! Elle l'est... L'Ombre a fondu sur nous comme un aigle puissant ! Nous ne nous y attendions plus. nous avons sommeillé sur nos certitudes et n'avons pas tenu compte du danger."

Soudain, on entendit des coups de feu, des hurlements. Le Baron s'approcha alors de la fenêtre.

"Par la Sainte Poutre ! C'est affreux ! La foule est armée !"

Entra alors dans la pièce le Commandantde la garde :

"Monseigneur ! La foule donne l'assaut ! Ils tirent sur nos hommes ! Que devons-nous faire ?"

Alors, le regard triste, le baron dclara :

"Résistez ! par tous les moyens, résistez ! L'Ombre ne doit pas entrer en ces lieux !"

Deux minutes plus tard, la Garde tira sur la foule. La guerre civile était déclarée.

Dans le bureau des Affaires Extérieures, un cadavre gisait : celui du Chancelier Otto von Bismark.

Sur les moniteurs, on pouvait voir que l'empire lémurian venait de sortir de l'alliance Lux Tenebrae.

Le combat final était engagé. Un combat à l'issue incertaine.

Le vieux druide pénétra à l'intérieur des appartements privés du Duc. La Garde au grand complet s'était déployée. Hemeneter comprit que quelque chose de grave était survenu.

"Pourvu qu'il ne soit rien arrivé à Johannes" se dit-il.

Arrivant près de l'anti-chambre, il eut une hésitation. L'Ombre n'était pas loin, tapie quelque part dans l'une des pièces adjacentes. Mais au moment où il voulut pénétrer dans le bureau privé de sa majesté, un garde lui en bloqua l'accès.

"Pardonnez-moi, puissant Sage, mais nul n'a le droit de pénétrer en ces lieux."

"Laisse-moi passer, mon garçon. je dois voir le Duc de toute urgence."

"Je suis vraiment désolé, Seigneur Druide, mais mes ordres sont précis : nul ne doit entrer."

Irrité par cete opposition surprenante autant qu'inattendue, Hemeneter décida de prendre son mal en patience et d'attendre qu'on veuille bien l'introduire.

Après quelques instants, la porte de la Chambre Ducale s'ouvrit. Une ravissante jeune femme en sortit. D'un regard, le Druide comprit qui elle était et s'inclina en disant :

"Duchesse, je vous présente mes hommages les plus dévoués."

"Je vous remercie, Seigneur Druide. C'est u plaisir que de vous rencontrer en ces lieux et en cette pérode troublée."

"En effet, j'ai cru voir que le Palais était en alerte. Que peut-il se passer de si grave pour justifier un tel déploiement de forces ?"

"Otto ! Le vaillant et fidèle Otto est mort ! Nous avons découvert son corps, ce matin, dans son bureau."

"Un meurtre ?"

"Ou un suicide... Car, juste avant sa mort, l'Empire Lémurian a été radié de la Lux Tenebrae. Peut-être a-t-il été saisi de remords après son acte de trahison."

"Otto ? un traître ?"

Un garde survint alors dans la pièce, le visage blême.

"Majesté ! Une bien triste nouvelle. La Comtesse Ingrid von Boertman vient d'être retrouvée sans vie, dans ses appartements."

"Comment ? mais c'est impossible ! Tous les ministres sont sous haute surveillance !"

"C'est incompréhensible, Majesté ! Tous les accès étaient pourtant vérouillés de l'intérieur et les gardes n'ont vu personne. De plus, nous avons déouvert que les Industries Minières viennent de changer de politique. nos chantiers sont maintenant en rain e construire unepuissante flotte de guerre."

Hemeneter s'effondra sur le fauteuil le plus proche. la Duchesse, quant à elle, tenta de garder son calme et dit :

"Une nouvelle trahison ? Le Duc serait donc victime d'une tentative de coup d'Etat ? Car jamais il n'aurait pris une telle décision..."

Un silence pesant tomba sur l'anti-chambre. Le druide, terrassé par tant de tragédies, observait tour à tour le garde et la Duchesse. Puis, dans un éclair de clairvoyance, ilomprit ! Il comprit tout ! Et lorsque le garde sortit de la pièce, lorsque l'ancien Sage et la nouvelle Duchesse furent seuls, il décida d'entrer en action.

Sur Altaïr, la bataille faisait rage. La Garde du Baron tentait par tous les moyens de repousser les révolutionnaires, mais de minuteen minute, le nombre de soldats diminuait tandis que celui des assaillants grossissait.

Du haut de la Salle du Gouvernement, Heru Ur observait la scène. Il se tourna alors vers ses ministres, et dit :

"Nous n'avons plus le choix désormais. Envoyez un pli urgent au Duc Johannes et demandez lui de nous envoyer du renfort. Nous pourrons tenir nos positions une heure et demi, deux tout au plus. Allez ! dépêchez-vous de le prévenir !"

Lorsque le message s'afficha sur le panneau d'urgence du Duc, Johannes n'en crut pas ses yeux.

"Comment ? Une révolte sur Altaïr ? Et mes ministres qui tombent comme des mouches ! Mais que se passe-t-il, bon sang ! Que se passe-t-il ?"

Aussitôt, il donna ordre au Commandant Adam de préparer la flotte au grand complet :

"Expédiez l'ensemble de notre flotte guerrière sur Altaïr ! Prenez l'ensemble des troupes et allez rétablir l'ordre ! Le baronheru ur a besoin de vous d'urgence !"

Réflechissant à voix haute, le Duc en arriva finalement à une conclusion bien amère.

"Je n'ai plus le choix. Cet endroit est devenu trop malsain. Non, je ne peux pas prendre de tels risques. Il faut qu'elle parte."

D'un pas décidé, Johannes sortit de son bureau et stoppa net dès qu'il eut ouvert la porte...

Là... Dans l'Anti-chambre... Un spectacle atroce s'offrit aux yeux de Johannes.

Au beau milieu de pièce somptueuse gisait le vieux Druide Hemneter. Sa poitrine était encore agitée d'une respiration saccadée mais expirante. Johannes courut auprès de son mentor et, d'un geste tendre, prit dans ses bras l'ancien Sage.

"Oh, Neb ! Neb ! Pas toi !"

"Joha... Johannes... L'Ombre !"

"Ne parle pas ! garde tes forces, mon vieux Neb ! Ne gaspille pas ton énergie ! les médecins vont arriver."

"Trop tard... L'Ombre... a fondu sur nous... C'est elle la... la cause de tous tes maux !"

"Quelle ombre ? de quoi parles-tu ?"

"Fuis, Johannes ! Fuis loin d'elle ! Elle te tuera si tu restes plus longtemps."

"Mais fuir qui ?"

"Elle ! Fuis... Pour moi, letemps est achevé..."

Et la tête du vieux druide retomba lourdement contre letorse du Duc, un filet de sang s'échappant de sa bouche. neb était mort, lui aussi. Son âme sage et lumineuse n'avait pas pu s'opposer à l'Ombre grandissante.

Inquiet, le Baron observait l'avancée des troupes rebelles.

"Si Johannes n'intervient pas de suite, nous sommes perdus !"

"Majesté ! Une flotte arrive ! Elle porte enseigne de la Maison von Therio."

Effectivement, quelques instants plus tards, des flots de soldats lémurians débarquaient aux abords du palais. Le combat doubla de violence mais peu à peu, les forces révolutionnaies perdirent du terrain. Doucement, l'avantage changea de main.

"Mes amis ! L Lumière revient ! Que la Sainte Poutre nous accorde la victoire !"

Fuir... Fuir Lémuria, son Palais et ses conspirateurs. Fuir, mais pour aller où ? Johannes, l'habit tâché du sang de Neb Hemeneter, s'interrogeait.

Tout allait si vite, trop vite. Son jeune âge et son inexpérience l'empêchaient de voir et e comprendre les évènements.

"Père ! Père ! Pourquoi m'as-tu abandonné ?"

A genoux devant le portrait du Duc Siegfried von Therio, Johannes pleurait devant la chute de sa Maison. L'abandon de la Lux, la révolte des mondes d'heru Ur, les meurtres des ministres, la perte de Neb... Tout s'effondrait !

Au beau milieu de ses pensées, il entendit une porte s'ouvrir. il se retourna. La Duchesse se tenait là, le regard sur le corps d'Hemeneter.

"Ô non ! Johannes ! Mais que nous arrive-t-il ? Nous alons tous mourir ?"

Le jeune Duc se leva et s'avança vers sa chère et tendre épouse. Avec tendresse, il la prit dans ses bras.

"N'aie pas peur, mon amour. ne tremble pas ! Tu ne risques rien avec moi. Nous allons trouver une issue."

"Tu crois ?"

"Mais bien sûr, ma toute belle. L'Ombre ne gagnera pas de cette manière. Elle nous a frappé mortellement, mais ne nousa pas achevé. Nous triompherons, tu verras."

Et d'un geste lent, il approcha la bouche de son aimée de la sienne, pour la rassurer d'un baiser enflammé.

Dans la salle du Gouvernement, le Commandant Adam escorté de sa garde fit son entrée.

Heru ur l'accueillit à bras ouvert :

"Commandant !Que la Sainte Poutre soit louée ! Vous avez triomphé de nos ennemis ! L'Ombre est vaincue ! Que grâce soit rendue à votre talent et à vos hommes !"

"baron Heru Ur, ce fut un plaisir !"

"Par le Saint Graal, que serions-nous devenus sans vous ? Le Duc peut être fier de vous, Commandant !"

"Effectivement ! je pense que le Maître sera satisfait !"

Un éclair de doute traversa les yeux du Baron.

"Le Maître ? Quel maître ? Vous voulez parler de Johannes, sans doute."

Alors, sous les yeux horrifiés de l'assistance, le Commandant Adam se métamorphosa. Sa peau blanche laissa place à un teint sombre, ses yeux verts devinent rouges, et à ses mains, des griffes monstrueuses poussèrent subitement. Ce n'était plus l'homme de main du Duc qui se tenait là, mais plutôt un démon.

"Pauvre baron ! Ta crédulité est risible ! Que vous êtes faciles à berner, vous autres mortels !"

Et sans que quiconque puisse faire le moindre geste, le démon brqua son pistolet à plasma en direction du Baron. Un éclair en jaillit, une détonation. Heru Ur bascula en arrière, une marque rouge en plein milieu du front. Le pauvre homme n'eut pas même le temps de crier avant que d'expirer.

Et dans la seconde qui suivit, la troupe d'élite lémuriane ouvrit le feu sur les ministres réunis. Le carnage fut complet. Auun ne put survivre. la pièe était jonché de cadavre et une odeurde chai brûlée flottait dans les airs. le démon prit alors son transmetteur et dit :

"Mission accomplie ! le Baron n'est plus, ainsi que son gouvernement. Altaïr est entre nos mains."

Tenant dans ses bras son épouse, lui offrant un baiser d'amour, le Duc johannes se sentit soudainement mal à l'aise. Il fut pris comme d'un vertige soudain.

Une sensation étrange... Comme si sa vie, sa mémoire, son âme le quittaient par ce baiser. Il ouvrit alors les yeux et vit avec horreur le visage de son épouse.

Alors lui revinrent en mémoire les folles années de son enfance, les promenades avec sa mère, les jeux qu'il pratiquait avec son père, le visage de sa première amie, l'image de son père mort, le cadavre de Neb...

L'Ombre avait triomphé ! l'ombre avait remporté la bataile et la guerre ! l'Ombre avait pris le visage le plus angélique pour l'assassiner.

Alors, dans un dernier souffle, il murmura :

"Et pourtant... Je t'aimais..."

Puis le corps sans vie du duc tomba au sol, aux côtés de Neb.

L'Ombre avait un visage ! Celui de la Duchesse !

Feydreiva, pseudo Duchesse mais vraie succube, laissa là le corps inerte de son défunt amant et mari pour se diriger dans la Chapelle du Palais.

Sur son chemin, elle croisa l'un des gardes qui lui dit :

"Révérende Mère, tout est achevé ! Le Baron Heru est mort, le Palais est entre nos mains. La grande Duchesse Mère Karine vient d'être assassinée elle aussi. lémuria vous appartient désormais."

Sans dire un mot, l'inhumaine remercia le militaireet poursuivit sa route.

A l'intérieur de la Chapelle, elle se dirigea d'un pas assuré jusqu'à l'autel derrière lequel brillait la statue de la Sainte Poutre et du Graal Unifié. Alors, d'un geste brusque, feydreiva tendit la main vers l'idole qui, dans un bruit de verre brisé, éclata en mile morceaux.

"Il est temps, maintenant ! La victoire est complète."

Apparurent alors plusieurs démons, dont l'un d'eux était fort grand et maigre, caché en partie d'une robe noire.

Feydreiva s'inclina devant lui et dit :

"Tout fut accompli selon vos désirs, Maître ! L'empire lémurian est maintenant sous votre domination."

"Excellent travail, Feyd ! Je constate qu'une fois de plus tu as su te montrer digne de la confianceque je t'accorde. Va, ma fille ! Etablis ton ordre sur ces mondes : je te les offre !"

"Maître, vos paroles sont des ordres à mes oreilles ! il sera fait selon votre volonté".

Et les vitraux de la chapelle se transformèrent comme par magie. Et à la place de la lumière, l'Ombre tomba sur l'Empire lémurian.

Dans le ciel obscurci, une Lune Noire brillait de mille feux.